Les scientifiques de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et la province Nord s’entendent bien. Ce « partenariat de qualité », qui a vu naître de nombreux programmes de recherche, n’a pas échappé au président-directeur-général de l’institut, Jean-Paul Moatti, hier, lors de la restitution des travaux à Koné. Effets des métaux sur les coraux, statut de la population de dugongs, espèces invasives, ressources en eau, apport de l’anthropologie dans le développement durable de la pêche : plusieurs chercheurs du campus ont fait le déplacement dans la capitale de Nord pour exposer les résultats des travaux phares. « C’est une première » note Edouard Hnawia, directeur de l’IRD. Partielle, cette restitution devrait déboucher sur une présentation détaillée. Un rendez- vous amené à s’inscrire dans le temps selon la volonté de la province Nord. « L’idée c’est de permettre des échanges entre les chercheurs, les élus, les services provinciaux et la société civile » poursuit Edouard Hnawia.
« Une forte demande sociétale »
C’est que la province finance un certain nombre de programmes de recherche, chers aux yeux de la collectivité, et notamment, à ceux de son président, Paul Néaoutyine. « Les politiques publiques de la province Nord sont basées sur le développement durable, pour les assumer on a besoin d’informations rigoureuses et fiables, argumente le vice-président, Yannick Slamet. En termes de financement nous avons déjà posé les bases, il y a le CCDTAM (Centre calédonien de développement et transfert en aquaculture marine, NDLR), sur la presqu’île de Foué. D’autres organismes sont invités à venir. Une convention-cadre sera d’ailleurs signée avec l’IRD très prochainement pour concrétiser ce travail. » La place de la recherche devrait ainsi encore se renforcer dans le Nord, où les scientifiques saluent des conditions de travail plutôt favorables. « Il y a une forte demande sociétale, on est les bienvenus, on est bien identifié et on a un bon réseau » relève Eric Vidal, directeur de recherche à l’IRD. « Cette sélection des actions présentées montre que les partenariats ont été réfléchis avec les collectivités du Nord et qu’ils répondent à des questions précises, commente à son tour Claude Payri, directrice de recherche. On a pu voir les questions de l’eau ou de la pêche qui sont très importantes en province Nord. »
De l'implication de la population
D’autres questions évoquées, comme celle du devenir du dugong, qui ne connaît pas de frontières administratives, concernent l’ensemble du pays. « Le plan dugong est mené au quotidien, ce n’est pas un projet contractualisé avec le Nord, indique Claude Payri. Mais grâce aux efforts de la recherche on touche à la notion de l’espèce menacée, indépendamment des notions géographiques. » Au-delà des politiques publiques, longues à mettre en oeuvre, les résultats de la recherche peuvent ainsi être mis en pratique par la population… dès lors qu’elle se sent impliquée. « A chaque fois qu’on a travaillé avec une tribu, il y a eu une vraie volonté de valoriser les environnements, intervient un scientifique. Il n’y a pas forcément besoin de mobiliser les pouvoirs publics si on considère ce raccourci. »
1380
C’est, en cumulé et en moyenne, le nombre de jours par an que les chercheurs de l’IRD passent sur le terrain dans la région.
Repères
Un campus « de référence »
Avec près de 200 agents, sur le campus de l’Anse- Vata, dont près de 150 rattachés à l’IRD (doctorants et étudiants en master), et une cinquantaine d’agents de l’Ifremer, du Cirad/IAC, du CNRS, de l’UNC et de quatre start-up, l’IRD du Caillou compte le plus grand nombre d’agents derrière le Sénégal. C’est donc naturel pour le président-directeurgénéral de rendre visite à ce campus « de référence » dans la zone Pacifique.
Le grand patron de l’IRD en visite
L’IRD fêtera cette année ses 72 ans de présence en Nouvelle-Calédonie. A l’occasion elle reçoit le président-directeur-général de l’institut, Jean-Paul Moatti pour une visite jusqu’au 10 avril. Au programme : la rencontre des partenaires institutionnels, académiques et scientifiques de l’Institut, afin d’échanger sur les besoins de recherche et de sciences du Caillou.