Koné. Quelques mois après sa première rentrée des classes, le collège de Xapecedeaxate (Païamboué) a officiellement été inauguré hier. Les acteurs politiques, ceux de l’enseignement et les coutumiers se sont réunis autour des trois cents élèves.
Avant une visite des locaux, les enfants ont mis en terre, avec l’aide des représentants publics et des coutumiers, l’équivalent de cinq sapins. « Je viens de l’ancien collège et vraiment, je suis heureux et fier d’être aujourd’hui élève ici. Il n’y a pas de bagarre entre nous comme il y en avait parfois au village. Je me sens tellement bien », a glissé Djhason. « C’est vrai qu’il y a beaucoup de surveillants », ont ajouté Topeura et Philippe. « Parfois, ce n’est pas facile pour nous, mais c’est bien comme ça finalement, ils sont là pour nous apprendre à écouter, à être surtout plus calmes. »
Lors de cette inauguration officielle, l’émotion a été à son comble lorsque les jeunes ont entamé l’hymne de la Nouvelle-Calédonie et la Marseillaise depuis la cour centrale. Ils ont levé ensemble les multiples drapeaux qui définissent le pays et leur région.
L’enjeu majeur de l’éducation
Le nouveau collège de Koné, entièrement financé par la province Nord, aura coûté la somme de 198 450 000 francs. D’une superficie de 4 500 m2, il accueille aujourd’hui plus de 300 élèves. « Sa capacité est encore plus grande et une extension pourrait mener jusqu’à 600 enfants scolarisés », a indiqué le président de la province Nord, Paul Néaoutyine. « Il est l’aboutissement d’un projet innovant, par sa conception même, en phase avec l’environnement. »
En effet, le collège a été construit à partir de bois et de briques en terre. Une optimisation énergétique et une approche bioclimatique. « Une écriture contemporaine qui met aussi en avant le traditionnel », a souligné Joseph Goromido, le maire de la commune. « Les infrastructures liées à l’enseignement sont une priorité du schéma de développement. Un outil précieux où les élèves peuvent se nourrir de connaissances mais aussi de savoir-vivre, de citoyenneté. Il s’agit de construire tous ensemble une identité nouvelle, celle de la Nouvelle-Calédonie. »
Hélène Iekawé, membre du gouvernement en charge de l’enseignement, a salué la mise en place d’une telle structure. « Nous ne pouvons faire l’impasse sur le climat de terreur qui sévit actuellement en France. Construire des espaces comme ce collège est aussi l’affirmation d’une lutte contre la haine, la barbarie. Une volonté de former des citoyens qui soient éclairés et œuvrent dans le respect de l’autre. »
Un engagement
Le vice-recteur de la Nouvelle-Calédonie, Jean-Charles Ringard-Flament, a mis en avant à cette occasion, les projets à venir dans le secteur. « Je tiens à applaudir d’abord avec vous tous, le président de la province Nord qui a fait de l’éducation un enjeu majeur, un véritable choix politique. Cela montre l’intérêt porté aux jeunes et à travers eux, à la construction tout entière du pays. Avec l’extension en cours du lycée agricole de Pouembout, et ses 950 places offertes, c’est encore une antenne universitaire qui va se mettre en place. Ces outils de proximité permettront de se former entièrement dans la région. »
Laurent Bouly est au cœur de cette mission. Il a été nommé principal du nouvel établissement dès février 2016. « Tout se passe bien depuis la rentrée, les choses s’installent petit à petit », a humblement souligné ce dernier. « Vous avez sans doute le plus beau et le plus moderne des établissements du territoire », a mis en avant le vice-recteur. « Il vous appartient dorénavant, avec l’ensemble de votre équipe pédagogique, de le faire vivre. Cette cérémonie, en quelque sorte, vous engage. »
Les élèves, tout comme l’équipe éducative, souhaitaient la création d’un signe identitaire qui marque leur structure. Le collège de Païamboué a permis notamment de désengorger l’ancien établissement de Koné. Ensemble, ils ont présenté aux visiteurs le logo imaginé : représentation du cagou, de la terre, du lagon ou encore du soleil… « Notre symbole est en lien avec la nature tout comme l’est notre collège », ont expliqué les jeunes. « Nous avons d’ailleurs créé, à l’intérieur même de la structure, un jardin où tentent de pousser des mangues, du manioc, du chou kanak… » se sont-ils amusés.
Une plaque officielle a été dévoilée lors de l’inauguration, ainsi que des statues de l’artiste de la tribu de Baco, Kiki Wabealo.