Investi depuis la rentrée par les étudiants, le campus de Baco a reçu tous les honneurs, hier. A l’occasion de son inauguration, représentants de l’Etat, de l’enseignement supérieur, du gouvernement et élus provinciaux ont fait le déplacement, en nombre, pour ce moment solennel.
Parmi les premiers à s’exprimer, dès la coutume, le sénateur Gérard Poadja a rappelé toute la symbolique de cette antenne de l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC). Un équipement souhaité depuis 2013, confirmé en 2016 lors du passage de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et livré début 2020, après deux années durant lesquelles les premiers étudiants en licence d’économie et de gestion ont suivi leurs cours à l’école Les Flamboyants, au village de Koné. « Nous avons joué parfaitement le rééquilibrage. C’est un établissement pour l’avenir et pour notre jeunesse », est intervenu le sénateur.
Dans son discours, Gaël Lagadec, président de l’UNC, a évoqué « un outil d’aménagement territorial » et « un campus qui porte une ambition ». Celle de mettre un outil d’enseignement au plus proche des populations du Nord, alors qu’en Métropole, chaque foyer étudiant dispose d’une fac dans un rayon de 80 à 100 km.
Thierry Santa, président du gouvernement, n’a pas dit autre chose et a salué l’exigence commune des collectivités locales, qui ont œuvré avec l’Etat sur le dossier pour « faire en sorte que l’université figure parmi l’éventail des possibles dans la réflexion de chaque Calédonien qui s’interroge sur son avenir, quel que soit son lieu de vie ».
« Des années de combat »
Autre symbole fort de cette ambition : le choix de son directeur. En l’occurrence Samuel Gorohouna, docteur en économie (Paris Sorbonne), qui a ensuite suivi un an dans une université américaine et travaillé six mois à l’ONU, avant de rentrer au pays et d’être employé par la Sofinor.
Portant un regard rétrospectif, Paul Néaoutyine, président de la province Nord, a rappelé que « le campus concrétise et illustre des années de combat en faveur du rééquilibrage dans le domaine stratégique de l’enseignement ». Evoquant le chemin parcouru depuis l’époque du statut de l’indigénat [aboli en 1946], durant laquelle « les enfants kanak n’ont pas eu accès à l’école publique, à l’exception de ceux dont les familles avaient opté pour le statut de droit commun », le leader indépendantiste a rappelé des statistiques de l’Isee de 2014, qu’il souhaite voir évoluer. A l’époque, les Kanak, dont la communauté constituait 39 % de la population calédonienne, ne représentaient que 14 % des diplômés des premier, deuxième et troisième cycles. Et la communauté d’origine wallisienne et futunienne (8,2 % de la population calédonienne), n’en représentait que 3,6 %.
Pour encourager davantage de jeunes à s’inscrire à l’antenne Nord de l’UNC, Paul Néaoutyine a rappelé la volonté provinciale de créer un parc de logements étudiants. « La province, en lien avec ses partenaires, travaille à la faisabilité d’un hébergement étudiants. Dans l’attente de la réalisation de cet équipement nécessaire, des alternatives seront proposées pour l’hébergement de nos étudiants à proximité de l’antenne, dès la rentrée 2021. »
Montage financier
Le coût de réalisation du campus de Baco représente un investissement de 540 millions, financé à 80 % par l’Etat, à 7,42 % sur fonds propres par l’UNC, à 4,44 % par la Nouvelle-Calédonie et à 4,07 % par la province Nord et à 4,07 % par la province Sud.
Les bâtiments
Implantée sur les terres du GDPL de Baco, l’antenne de l’UNC est située le long de la Koné-Tiwaka. Ses bâtiments s’étendent sur plus de 1 000 m2. Outre les salles d’enseignement, le campus comprend un amphithéâtre de quatre-vingts places, une bibliothèque universitaire, une cafétéria, une salle de recherche et un espace de travail collaboratif de haute technologie, connecté avec l’espace Sigma, situé sur le campus de Nouville.
Les enseignements
Pour l’instant, la licence économie et gestion, rattachée au département droit, économie et gestion est enseignée sur place, ainsi que le diplôme d’accès aux études supérieures (DAEU). A terme, les départements langues, littérature et sciences humaines et sciences et technologies devraient proposer des formations sur place.