«Si la culture coûte cher, essayez l’ignorance. » Hier matin, des salariés d’établissements publics culturels ont déployé leurs banderoles sur les pelouses de l’hôtel de la province Nord. Musiciens, administratifs, bibliothécaires, cadres de Koné, de Koumac ou de Voh avaient répondu à l’appel de la Fédération des fonctionnaires, annoncé la veille. Une poignée d’usagers, notamment de la médiathèque de l’Ouest - dont la salle de lecture est fermée depuis le début de l’année conséquemment à des infiltrations d’eau dans le toit - les avaient rejoints.
Une réunion au gouvernement
Le rassemblement d’hier était le premier à Koné depuis le début d’un mouvement de grève illimitée commencé lundi par la Fédération des fonctionnaires au Conservatoire de musique et de danse et un défilé mardi, à Nouméa. Les salariés d’établissements culturels publics dénoncent des coupes de subventions, notamment de la part de la province Nord. Elles « [menaceraient] directement les emplois dans les établissements publics, mais aussi dans les associations », comme l’Association de formation des musiciens intervenants (AFMI, qui gère les antennes du Conservatoire), explique Steeves Teriitehau, de la Fédération des fonctionnaires chargé des établissements publics.
Hier matin, très vite après sa demande, la délégation représentant la bibliothèque Bernheim, la Fédération des fonctionnaires, le conservatoire et l’AFMI a été reçue par l’exécutif de la province Nord. « Les personnes qui nous ont reçus nous ont bien entendus. Ils nous ont confirmé ne plus vouloir financer les établissements publics pays, néanmoins, tout doit se finaliser demain [aujourd’hui] lors d’une réunion entre les trois provinces et le gouvernement », explique M. Teriitehau. « Nous avons ressenti une vraie volonté d’essayer de trouver une solution malgré les chiffres annoncés. » D’après le représentant syndical, les subventions provinciales proposées en 2018 - mais pas encore votées par l’Assemblée - au Conservatoire, à la bibliothèque Bernheim et à l’AFMI seraient divisées de moitié par rapport à 2017. « Si demain, la Nouvelle-Calédonie ne comble pas le manque de subvention, il y aura des pertes d’emploi. »
Selon M. Teriitehau, « la province Nord, comme les deux autres provinces, a validé l’idée d’assises de la culture en 2018 pour toute la Nouvelle-Calédonie ».
« Incompréhensible, inconcevable »
« Des musiciens ont mis dix ans à sortir de l’ombre, et maintenant qu’ils sont dans la lumière, on veut les empêcher d’y rester », déplorait hier un membre de la Fédération des fonctionnaires, venu en « sympathisant », faisant référence au maillage de l’AFMI (dix antennes).
A Koné, cette dernière participe également à la sonorisation et à la promotion de groupes lors d’événements comme la fête de la Musique communale, des concerts au centre culturel provincial Pomémie.
Pour une habitante de Koné venue en famille, la fermeture de la Médouest et de l’antenne du Conservatoire serait tout simplement « inconcevable, incompréhensible ». Jusqu’à la fin de l’année dernière, sa fille et elle avaient l’habitude d’emprunter chaque semaine des livres à la médiathèque. « Au moment où on commençait à espérer qu’un déménagement [à l’ancienne école des Flamboyants] se fasse, on apprend que ça peut fermer ! » En raison de l’incertitude budgétaire, « le projet de déménagement est suspendu », selon la médiathèque.
La Fédération des fonctionnaires et l’AFMI se rassembleront aujourd’hui, à 8 heures, devant le gouvernement, à Nouméa.