Assise sur une natte, Yvette tresse silencieusement ses sacs en feuilles de cocotiers et en pandanus. Originaire de la tribu de Saint-Louis à (Pweevo) Pouébo et mariée dans le pays Païci à Ponérihouen, Yvette confie qu'à travers son parcours de vie, elle apprend différentes façons de faire.
A 52 ans, l'éducatrice à la retraite consacre tout son temps au tressage. "J'aime tresser, j'aime transmettre et échanger avec les autres. Ma priorité c'est la culture et j'ai toujours oeuvrer en ce sens. Déjà à l'école en tant qu'éducatrice dans les ateliers avec les élèves, on chantait ensemble ou on préparait ensemble un four. La transmission c'est important, je suis fière de voir les jeunes qui sont avec nous, on suit leur mouvement et on s'accompagne. C'est important pour la jeunesse de bénéficier de ses savoirs, nos vieux partent tout doucement avec leurs savoirs-faires."
Cette transmission qu'elle a eu par ses soeurs, Yvette a a coeur de le partager. Elle mène ses propres recherches en cotoyant des tresseurs et tresseuses du pays. "Chaque région a sa propre façon de tresser un natte mais chacun suit le calendrier de l'igname. On ne coupe pas le pandanus à n'importe quel moment, un temps est donné et chacun développe son savoir selon ses propres besoins."
Yvette explique que le sac pour aller au champ est fait de façon à ne pas avoir mal au dos et bien plus pratique que les sacs cabas qu'on utilise aujourd'hui par simplicité. Ce sont ses habitudes qu'il faut petit à petit bannir en apprenant dans nos familles et dans nos clans que nous avons des sacs et que chacun d'entre nous peut tresser.
Yvette emmene avec elle, son savoir, ses fibres, ses sacs et espère à chaque moment des instants riche en partage qui viennent remplir son propre "panier".